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SOLEIL Avec La lumière, que ce soit celle qui éclaire les yeux, celle qui éclaire l’esprit ou celle qui éclaire les cœurs, est ce qui permet aux choses d’être clairement perçues ou pensées. En français, le champ lexical pour parler de la connaissance ou de la vérité est intimement lié à la lumière: lorsque nous sommes certains d’une chose nous disons «C’est clair !» ou nous disons «Je vois !» pour dire «Je comprends !» Cela se retrouve dans toutes les traditions philosophiques et religieuses. Chez les philosophes, Platon, dans la célèbre allégorie de la caverne, utilisera le registre métaphorique de l’ombre et de la lumière pour illustrer l’itinéraire du philosophe qui se délivre des ténèbres pour grimper vers la lumière et enfin contempler le Soleil. Cette association de la lumière à la puissante clarté du soleil se retrouvera ensuite chez les philosophes modernes. Dans les Traditions religieuses monothéistes, la parole divine est lumière du monde qui sort la matière des ténèbres du chaos et lui donne son ordre (étymologie de «cosmos»). Si le soleil est la source de la lumière sensible qui rend visibles les choses, Dieu est la lumière spirituelle qui permet d’accéder aux vérités ultimes. Lumière ou lumières? Il est aujourd’hui courant de parler en français des lumières pour désigner le XVIIIe siècle. Ce passage du singulier au pluriel n’est pas anodin. Dès le début du XVIIIe siècle, on va décliner deux significations au mot «lumière»: Au singulier, «la lumière» est l’émanation de l’absolu, elle est religieuse. Théologiquement, lorsqu’on parle de la lumière de la Révélation c’est celle qui permet de comprendre le message divin. Et lorsqu’on parle de la lumière de la création, c’est celle qui existe naturellement en elle mais qui est toujours d’origine divine. Donc qu’elle soit révélée ou créé, la lumière est toujours émanation de l’Absolu. Au pluriel, lorsqu’on évoque «les lumières», nous faisons souvent références aux lentes acquisitions de l’humanité au cours de son histoire, elles sont toujours traduites comme areligieuse. On utilisera alors des formules telles que «les lumières de la raison» ou «les lumières de la philosophie». Et par opposition on parlera des «ténèbres du Moyen Age» ou de «la nuit» dont sort à peine l’Occident. Et lorsqu’on définit le XVIIIe siècle comme «le siècle des lumières», c’est pour le définir comme l’ «âge de raison» de l’humanité. Le siècle des lumières devient ainsi une étape particulière dans l’histoire de l’esprit humain. Par opposition, les humanistes des Lumières traiteront donc leurs adversaires «d’obscurantistes». Cela conduira à cette vision manichéenne d’un monde où s’affrontent la civilisation «des lumières» face aux autres cultures ou nations déclarées «obscurantistes». On proclamera alors le «combat des lumières» qui justifiera l’injustifiable: de la traite des noirs aux génocides amérindiens, des entreprises coloniales jusqu’aux dernières guerres impérialistes. Il y aura donc des hommes, des peuples ou des civilisations «éclairés» et d’autres qui ne le sont pas. On devine alors que la «classe des hommes éclairés» se sent vocation pour prendre en main le destin des peuples, non pas dans son intérêt propre, mais afin de «répandre les lumières… Et ces lumières ne sont pas seulement un symbole appartenant au monde de la pensée, elle a aussi une signification socio-économique réelle. Tout doit être mis en lumière et la modernisation a même fait de la nuit, le jour. Les villes sont éclairées en permanence pour travailler et consommer jusqu’à la démesure car la productivité et la modernité ne tolèrera plus aucun temps obscur. Pourtant la douceur de la nuit est aussi celui du repos, de l’apaisement et de la contemplation… Mais l’histoire de la modernisation s’enivrera de métaphores évoquant la lumière. C’est le grand soleil de la raison qui est censé chasser l’obscurité de la superstition et enfin pouvoir construire la société selon des critères rationnels. Dans la phraséologie des siècles des lumières, le progrès et la raison sont souvent associés à la lumière éclatante du soleil éclairant enfin une nouvelle ère pour l’humanité. Kelvin Sans Le passage du XIXe au XXe siècle fut une étape de grandes transformations tant au niveau économique que social. L’idée de progrès, basée sur le développement technologique, représentait un idéal utopique qui devait amener une ère nouvelle, tandis que le prolétariat surgi avec la Révolution Industrielle entretenait l’espoir d’une révolution sociale qui n’allait pas aboutir. Cette situation donna naissance à une dichotomie très marquée entre les lumières de l’innovation technologique et l’obscurité des inégalités sociales. La croissance des villes, l’exode rural et l’apparition d’une société embryonnaire de consommation contribuèrent à la consolidation d’un système fondé sur de grandes contradictions qui renfermait le germe de sa propre crise, tel que nous le verrons à la fin de cet itinéraire. Dans le cas de l’Espagne, modernité et progrès acquièrent une dimension problématique. Au tournant du siècle, le contexte espagnol se caractérisait par une crise politique et économique intimement liée à la perte des dernières colonies et à l’instabilité des gouvernements qui se succédèrent dès la seconde moitié du XIXe siècle. A cela s’ajoutait une situation sociale compliquée due à l’industrialisation et à la rupture des modes de vie traditionnelle, aux migrations et aux conditions de vie de la population, le tout aboutissant à des conflits sociaux importants. Le dilemme de concilier tradition et modernité se manifesta aussi sous différentes formes dans la pratique artistique: l’art moderne se fera le fer de lance des promesses utopiques du nouveau siècle, mais aussi le témoin de ses contradictions. Les nouveaux moyens de reproduction de l’image – la photographie et le cinéma – fournissent pour la création artistique des formats issus directement du progrès technologique et des modes de production industrielle; tous deux sont machiniques et sont axés sur la répétition mécanique; en fait, le mouvement à moteur, auto-dynamique, est le phénomène basique du cinéma. Par ailleurs, ces deux arts, photographie et cinéma, sont capables de fixer directement la réalité, témoignant ainsi des conséquences les moins désirables du progrès dont ils sont le produit: l’intérêt pour le réel, pour les faits, rend compte de l’un des traits définissant l’homme moderne qui se sait partie prenante du présent et souhaite en être bien informé. L’appareil photo et le cinéma fournirent des techniques dont personne ne soupçonnait la force ni l’importance au moment de leur naissance. À eux seuls, ils modifièrent le regard que la société portait sur le monde. La large diffusion du cinématographe en fit un outil d’information, de socialisation, et surtout en fit le représentant par excellence de l’industrie naissante du loisir et d’un nouveau type de culture populaire. Avec La lumière, que ce soit celle qui éclaire les yeux, celle qui éclaire l’esprit ou celle qui éclaire les cœurs, est ce qui permet aux choses d’être clairement perçues ou pensées. En français, le champ lexical pour parler de la connaissance ou de la vérité est intimement lié à la lumière: lorsque nous sommes certains d’une chose nous disons «C’est clair !» ou nous disons «Je vois !» pour dire «Je comprends !» Cela se retrouve dans toutes les traditions philosophiques et religieuses. Chez les philosophes, Platon, dans la célèbre allégorie de la caverne, utilisera le registre métaphorique de l’ombre et de la lumière pour illustrer l’itinéraire du philosophe qui se délivre des ténèbres pour grimper vers la lumière et enfin contempler le Soleil. Cette association de la lumière à la puissante clarté du soleil se retrouvera ensuite chez les philosophes modernes. Dans les Traditions religieuses monothéistes, la parole divine est lumière du monde qui sort la matière des ténèbres du chaos et lui donne son ordre (étymologie de «cosmos»). Si le soleil est la source de la lumière sensible qui rend visibles les choses, Dieu est la lumière spirituelle qui permet d’accéder aux vérités ultimes. Lumière ou lumières? Il est aujourd’hui courant de parler en français des lumières pour désigner le XVIIIe siècle. Ce passage du singulier au pluriel n’est pas anodin. Dès le début du XVIIIe siècle, on va décliner deux significations au mot «lumière»: Au singulier, «la lumière» est l’émanation de l’absolu, elle est religieuse. Théologiquement, lorsqu’on parle de la lumière de la Révélation c’est celle qui permet de comprendre le message divin. Et lorsqu’on parle de la lumière de la création, c’est celle qui existe naturellement en elle mais qui est toujours d’origine divine. Donc qu’elle soit révélée ou créé, la lumière est toujours émanation de l’Absolu. Au pluriel, lorsqu’on évoque «les lumières», nous faisons souvent références aux lentes acquisitions de l’humanité au cours de son histoire, elles sont toujours traduites comme areligieuse. On utilisera alors des formules telles que «les lumières de la raison» ou «les lumières de la philosophie». Et par opposition on parlera des «ténèbres du Moyen Age» ou de «la nuit» dont sort à peine l’Occident. Et lorsqu’on définit le XVIIIe siècle comme «le siècle des lumières», c’est pour le définir comme l’ «âge de raison» de l’humanité. Le siècle des lumières devient ainsi une étape particulière dans l’histoire de l’esprit humain. Par opposition, les humanistes des Lumières traiteront donc leurs adversaires «d’obscurantistes». Cela conduira à cette vision manichéenne d’un monde où s’affrontent la civilisation «des lumières» face aux autres cultures ou nations déclarées «obscurantistes». On proclamera alors le «combat des lumières» qui justifiera l’injustifiable: de la traite des noirs aux génocides amérindiens, des entreprises coloniales jusqu’aux dernières guerres impérialistes. Il y aura donc des hommes, des peuples ou des civilisations «éclairés» et d’autres qui ne le sont pas. On devine alors que la «classe des hommes éclairés» se sent vocation pour prendre en main le destin des peuples, non pas dans son intérêt propre, mais afin de «répandre les lumières… Et ces lumières ne sont pas seulement un symbole appartenant au monde de la pensée, elle a aussi une signification socio-économique réelle. Tout doit être mis en lumière et la modernisation a même fait de la nuit, le jour. Les villes sont éclairées en permanence pour travailler et consommer jusqu’à la démesure car la productivité et la modernité ne tolèrera plus aucun temps obscur. Pourtant la douceur de la nuit est aussi celui du repos, de l’apaisement et de la contemplation… Mais l’histoire de la modernisation s’enivrera de métaphores évoquant la lumière. C’est le grand soleil de la raison qui est censé chasser l’obscurité de la superstition et enfin pouvoir construire la société selon des critères rationnels. Dans la phraséologie des siècles des lumières, le progrès et la raison sont souvent associés à la lumière éclatante du soleil éclairant enfin une nouvelle ère pour l’humanité. Kelvin Sans Le passage du XIXe au XXe siècle fut une étape de grandes transformations tant au niveau économique que social. L’idée de progrès, basée sur le développement technologique, représentait un idéal utopique qui devait amener une ère nouvelle, tandis que le prolétariat surgi avec la Révolution Industrielle entretenait l’espoir d’une révolution sociale qui n’allait pas aboutir. Cette situation donna naissance à une dichotomie très marquée entre les lumières de l’innovation technologique et l’obscurité des inégalités sociales. La croissance des villes, l’exode rural et l’apparition d’une société embryonnaire de consommation contribuèrent à la consolidation d’un système fondé sur de grandes contradictions qui renfermait le germe de sa propre crise, tel que nous le verrons à la fin de cet itinéraire. Dans le cas de l’Espagne, modernité et progrès acquièrent une dimension problématique. Au tournant du siècle, le contexte espagnol se caractérisait par une crise politique et économique intimement liée à la perte des dernières colonies et à l’instabilité des gouvernements qui se succédèrent dès la seconde moitié du XIXe siècle. A cela s’ajoutait une situation sociale compliquée due à l’industrialisation et à la rupture des modes de vie traditionnelle, aux migrations et aux conditions de vie de la population, le tout aboutissant à des conflits sociaux importants. Le dilemme de concilier tradition et modernité se manifesta aussi sous différentes formes dans la pratique artistique: l’art moderne se fera le fer de lance des promesses utopiques du nouveau siècle, mais aussi le témoin de ses contradictions. Les nouveaux moyens de reproduction de l’image – la photographie et le cinéma – fournissent pour la création artistique des formats issus directement du progrès technologique et des modes de production industrielle; tous deux sont machiniques et sont axés sur la répétition mécanique; en fait, le mouvement à moteur, auto-dynamique, est le phénomène basique du cinéma. Par ailleurs, ces deux arts, photographie et cinéma, sont capables de fixer directement la réalité, témoignant ainsi des conséquences les moins désirables du progrès dont ils sont le produit: l’intérêt pour le réel, pour les faits, rend compte de l’un des traits définissant l’homme moderne qui se sait partie prenante du présent et souhaite en être bien informé. L’appareil photo et le cinéma fournirent des techniques dont personne ne soupçonnait la force ni l’importance au moment de leur naissance. À eux seuls, ils modifièrent le regard que la société portait sur le monde. La large diffusion du cinématographe en fit un outil d’information, de socialisation, et surtout en fit le représentant par excellence de l’industrie naissante du loisir et d’un nouveau type de culture populaire.SOLEIL
Industrie Avec La lumière, que ce soit celle qui éclaire les yeux, celle qui éclaire l’esprit ou celle qui éclaire les cœurs, est ce qui permet aux choses d’être clairement perçues ou pensées. En français, le champ lexical pour parler de la connaissance ou de la vérité est intimement lié à la lumière: lorsque nous sommes certains d’une chose nous disons «C’est clair !» ou nous disons «Je vois !» pour dire «Je comprends !» Cela se retrouve dans toutes les traditions philosophiques et religieuses. Chez les philosophes, Platon, dans la célèbre allégorie de la caverne, utilisera le registre métaphorique de l’ombre et de la lumière pour illustrer l’itinéraire du philosophe qui se délivre des ténèbres pour grimper vers la lumière et enfin contempler le Soleil. Cette association de la lumière à la puissante clarté du soleil se retrouvera ensuite chez les philosophes modernes. Dans les Traditions religieuses monothéistes, la parole divine est lumière du monde qui sort la matière des ténèbres du chaos et lui donne son ordre (étymologie de «cosmos»). Si le soleil est la source de la lumière sensible qui rend visibles les choses, Dieu est la lumière spirituelle qui permet d’accéder aux vérités ultimes. Lumière ou lumières? Il est aujourd’hui courant de parler en français des lumières pour désigner le XVIIIe siècle. Ce passage du singulier au pluriel n’est pas anodin. Dès le début du XVIIIe siècle, on va décliner deux significations au mot «lumière»: Au singulier, «la lumière» est l’émanation de l’absolu, elle est religieuse. Théologiquement, lorsqu’on parle de la lumière de la Révélation c’est celle qui permet de comprendre le message divin. Et lorsqu’on parle de la lumière de la création, c’est celle qui existe naturellement en elle mais qui est toujours d’origine divine. Donc qu’elle soit révélée ou créé, la lumière est toujours émanation de l’Absolu. Au pluriel, lorsqu’on évoque «les lumières», nous faisons souvent références aux lentes acquisitions de l’humanité au cours de son histoire, elles sont toujours traduites comme areligieuse. On utilisera alors des formules telles que «les lumières de la raison» ou «les lumières de la philosophie». Et par opposition on parlera des «ténèbres du Moyen Age» ou de «la nuit» dont sort à peine l’Occident. Et lorsqu’on définit le XVIIIe siècle comme «le siècle des lumières», c’est pour le définir comme l’ «âge de raison» de l’humanité. Le siècle des lumières devient ainsi une étape particulière dans l’histoire de l’esprit humain. Par opposition, les humanistes des Lumières traiteront donc leurs adversaires «d’obscurantistes». Cela conduira à cette vision manichéenne d’un monde où s’affrontent la civilisation «des lumières» face aux autres cultures ou nations déclarées «obscurantistes». On proclamera alors le «combat des lumières» qui justifiera l’injustifiable: de la traite des noirs aux génocides amérindiens, des entreprises coloniales jusqu’aux dernières guerres impérialistes. Il y aura donc des hommes, des peuples ou des civilisations «éclairés» et d’autres qui ne le sont pas. On devine alors que la «classe des hommes éclairés» se sent vocation pour prendre en main le destin des peuples, non pas dans son intérêt propre, mais afin de «répandre les lumières… Et ces lumières ne sont pas seulement un symbole appartenant au monde de la pensée, elle a aussi une signification socio-économique réelle. Tout doit être mis en lumière et la modernisation a même fait de la nuit, le jour. Les villes sont éclairées en permanence pour travailler et consommer jusqu’à la démesure car la productivité et la modernité ne tolèrera plus aucun temps obscur. Pourtant la douceur de la nuit est aussi celui du repos, de l’apaisement et de la contemplation… Mais l’histoire de la modernisation s’enivrera de métaphores évoquant la lumière. C’est le grand soleil de la raison qui est censé chasser l’obscurité de la superstition et enfin pouvoir construire la société selon des critères rationnels. Dans la phraséologie des siècles des lumières, le progrès et la raison sont souvent associés à la lumière éclatante du soleil éclairant enfin une nouvelle ère pour l’humanité. Kelvin Sans Le passage du XIXe au XXe siècle fut une étape de grandes transformations tant au niveau économique que social. L’idée de progrès, basée sur le développement technologique, représentait un idéal utopique qui devait amener une ère nouvelle, tandis que le prolétariat surgi avec la Révolution Industrielle entretenait l’espoir d’une révolution sociale qui n’allait pas aboutir. Cette situation donna naissance à une dichotomie très marquée entre les lumières de l’innovation technologique et l’obscurité des inégalités sociales. La croissance des villes, l’exode rural et l’apparition d’une société embryonnaire de consommation contribuèrent à la consolidation d’un système fondé sur de grandes contradictions qui renfermait le germe de sa propre crise, tel que nous le verrons à la fin de cet itinéraire. Dans le cas de l’Espagne, modernité et progrès acquièrent une dimension problématique. Au tournant du siècle, le contexte espagnol se caractérisait par une crise politique et économique intimement liée à la perte des dernières colonies et à l’instabilité des gouvernements qui se succédèrent dès la seconde moitié du XIXe siècle. A cela s’ajoutait une situation sociale compliquée due à l’industrialisation et à la rupture des modes de vie traditionnelle, aux migrations et aux conditions de vie de la population, le tout aboutissant à des conflits sociaux importants. Le dilemme de concilier tradition et modernité se manifesta aussi sous différentes formes dans la pratique artistique: l’art moderne se fera le fer de lance des promesses utopiques du nouveau siècle, mais aussi le témoin de ses contradictions. Les nouveaux moyens de reproduction de l’image – la photographie et le cinéma – fournissent pour la création artistique des formats issus directement du progrès technologique et des modes de production industrielle; tous deux sont machiniques et sont axés sur la répétition mécanique; en fait, le mouvement à moteur, auto-dynamique, est le phénomène basique du cinéma. Par ailleurs, ces deux arts, photographie et cinéma, sont capables de fixer directement la réalité, témoignant ainsi des conséquences les moins désirables du progrès dont ils sont le produit: l’intérêt pour le réel, pour les faits, rend compte de l’un des traits définissant l’homme moderne qui se sait partie prenante du présent et souhaite en être bien informé. L’appareil photo et le cinéma fournirent des techniques dont personne ne soupçonnait la force ni l’importance au moment de leur naissance. À eux seuls, ils modifièrent le regard que la société portait sur le monde. La large diffusion du cinématographe en fit un outil d’information, de socialisation, et surtout en fit le représentant par excellence de l’industrie naissante du loisir et d’un nouveau type de culture populaire. Avec La lumière, que ce soit celle qui éclaire les yeux, celle qui éclaire l’esprit ou celle qui éclaire les cœurs, est ce qui permet aux choses d’être clairement perçues ou pensées. En français, le champ lexical pour parler de la connaissance ou de la vérité est intimement lié à la lumière: lorsque nous sommes certains d’une chose nous disons «C’est clair !» ou nous disons «Je vois !» pour dire «Je comprends !» Cela se retrouve dans toutes les traditions philosophiques et religieuses. Chez les philosophes, Platon, dans la célèbre allégorie de la caverne, utilisera le registre métaphorique de l’ombre et de la lumière pour illustrer l’itinéraire du philosophe qui se délivre des ténèbres pour grimper vers la lumière et enfin contempler le Soleil. Cette association de la lumière à la puissante clarté du soleil se retrouvera ensuite chez les philosophes modernes. Dans les Traditions religieuses monothéistes, la parole divine est lumière du monde qui sort la matière des ténèbres du chaos et lui donne son ordre (étymologie de «cosmos»). Si le soleil est la source de la lumière sensible qui rend visibles les choses, Dieu est la lumière spirituelle qui permet d’accéder aux vérités ultimes. Lumière ou lumières? Il est aujourd’hui courant de parler en français des lumières pour désigner le XVIIIe siècle. Ce passage du singulier au pluriel n’est pas anodin. Dès le début du XVIIIe siècle, on va décliner deux significations au mot «lumière»: Au singulier, «la lumière» est l’émanation de l’absolu, elle est religieuse. Théologiquement, lorsqu’on parle de la lumière de la Révélation c’est celle qui permet de comprendre le message divin. Et lorsqu’on parle de la lumière de la création, c’est celle qui existe naturellement en elle mais qui est toujours d’origine divine. Donc qu’elle soit révélée ou créé, la lumière est toujours émanation de l’Absolu. Au pluriel, lorsqu’on évoque «les lumières», nous faisons souvent références aux lentes acquisitions de l’humanité au cours de son histoire, elles sont toujours traduites comme areligieuse. On utilisera alors des formules telles que «les lumières de la raison» ou «les lumières de la philosophie». Et par opposition on parlera des «ténèbres du Moyen Age» ou de «la nuit» dont sort à peine l’Occident. Et lorsqu’on définit le XVIIIe siècle comme «le siècle des lumières», c’est pour le définir comme l’ «âge de raison» de l’humanité. Le siècle des lumières devient ainsi une étape particulière dans l’histoire de l’esprit humain. Par opposition, les humanistes des Lumières traiteront donc leurs adversaires «d’obscurantistes». Cela conduira à cette vision manichéenne d’un monde où s’affrontent la civilisation «des lumières» face aux autres cultures ou nations déclarées «obscurantistes». On proclamera alors le «combat des lumières» qui justifiera l’injustifiable: de la traite des noirs aux génocides amérindiens, des entreprises coloniales jusqu’aux dernières guerres impérialistes. Il y aura donc des hommes, des peuples ou des civilisations «éclairés» et d’autres qui ne le sont pas. On devine alors que la «classe des hommes éclairés» se sent vocation pour prendre en main le destin des peuples, non pas dans son intérêt propre, mais afin de «répandre les lumières… Et ces lumières ne sont pas seulement un symbole appartenant au monde de la pensée, elle a aussi une signification socio-économique réelle. Tout doit être mis en lumière et la modernisation a même fait de la nuit, le jour. Les villes sont éclairées en permanence pour travailler et consommer jusqu’à la démesure car la productivité et la modernité ne tolèrera plus aucun temps obscur. Pourtant la douceur de la nuit est aussi celui du repos, de l’apaisement et de la contemplation… Mais l’histoire de la modernisation s’enivrera de métaphores évoquant la lumière. C’est le grand soleil de la raison qui est censé chasser l’obscurité de la superstition et enfin pouvoir construire la société selon des critères rationnels. Dans la phraséologie des siècles des lumières, le progrès et la raison sont souvent associés à la lumière éclatante du soleil éclairant enfin une nouvelle ère pour l’humanité. Kelvin Sans Le passage du XIXe au XXe siècle fut une étape de grandes transformations tant au niveau économique que social. L’idée de progrès, basée sur le développement technologique, représentait un idéal utopique qui devait amener une ère nouvelle, tandis que le prolétariat surgi avec la Révolution Industrielle entretenait l’espoir d’une révolution sociale qui n’allait pas aboutir. Cette situation donna naissance à une dichotomie très marquée entre les lumières de l’innovation technologique et l’obscurité des inégalités sociales. La croissance des villes, l’exode rural et l’apparition d’une société embryonnaire de consommation contribuèrent à la consolidation d’un système fondé sur de grandes contradictions qui renfermait le germe de sa propre crise, tel que nous le verrons à la fin de cet itinéraire. Dans le cas de l’Espagne, modernité et progrès acquièrent une dimension problématique. Au tournant du siècle, le contexte espagnol se caractérisait par une crise politique et économique intimement liée à la perte des dernières colonies et à l’instabilité des gouvernements qui se succédèrent dès la seconde moitié du XIXe siècle. A cela s’ajoutait une situation sociale compliquée due à l’industrialisation et à la rupture des modes de vie traditionnelle, aux migrations et aux conditions de vie de la population, le tout aboutissant à des conflits sociaux importants. Le dilemme de concilier tradition et modernité se manifesta aussi sous différentes formes dans la pratique artistique: l’art moderne se fera le fer de lance des promesses utopiques du nouveau siècle, mais aussi le témoin de ses contradictions. Les nouveaux moyens de reproduction de l’image – la photographie et le cinéma – fournissent pour la création artistique des formats issus directement du progrès technologique et des modes de production industrielle; tous deux sont machiniques et sont axés sur la répétition mécanique; en fait, le mouvement à moteur, auto-dynamique, est le phénomène basique du cinéma. Par ailleurs, ces deux arts, photographie et cinéma, sont capables de fixer directement la réalité, témoignant ainsi des conséquences les moins désirables du progrès dont ils sont le produit: l’intérêt pour le réel, pour les faits, rend compte de l’un des traits définissant l’homme moderne qui se sait partie prenante du présent et souhaite en être bien informé. L’appareil photo et le cinéma fournirent des techniques dont personne ne soupçonnait la force ni l’importance au moment de leur naissance. À eux seuls, ils modifièrent le regard que la société portait sur le monde. La large diffusion du cinématographe en fit un outil d’information, de socialisation, et surtout en fit le représentant par excellence de l’industrie naissante du loisir et d’un nouveau type de culture populaire.Industrie
Avec La lumière, que ce soit celle qui éclaire les yeux, celle qui éclaire l’esprit ou celle qui éclaire les cœurs, est ce qui permet aux choses d’être clairement perçues ou pensées. En français, le champ lexical pour parler de la connaissance ou de la vérité est intimement lié à la lumière: lorsque nous sommes certains d’une chose nous disons «C’est clair !» ou nous disons «Je vois !» pour dire «Je comprends !» Cela se retrouve dans toutes les traditions philosophiques et religieuses. Chez les philosophes, Platon, dans la célèbre allégorie de la caverne, utilisera le registre métaphorique de l’ombre et de la lumière pour illustrer l’itinéraire du philosophe qui se délivre des ténèbres pour grimper vers la lumière et enfin contempler le Soleil. Cette association de la lumière à la puissante clarté du soleil se retrouvera ensuite chez les philosophes modernes. Dans les Traditions religieuses monothéistes, la parole divine est lumière du monde qui sort la matière des ténèbres du chaos et lui donne son ordre (étymologie de «cosmos»). Si le soleil est la source de la lumière sensible qui rend visibles les choses, Dieu est la lumière spirituelle qui permet d’accéder aux vérités ultimes. Lumière ou lumières? Il est aujourd’hui courant de parler en français des lumières pour désigner le XVIIIe siècle. Ce passage du singulier au pluriel n’est pas anodin. Dès le début du XVIIIe siècle, on va décliner deux significations au mot «lumière»: Au singulier, «la lumière» est l’émanation de l’absolu, elle est religieuse. Théologiquement, lorsqu’on parle de la lumière de la Révélation c’est celle qui permet de comprendre le message divin. Et lorsqu’on parle de la lumière de la création, c’est celle qui existe naturellement en elle mais qui est toujours d’origine divine. Donc qu’elle soit révélée ou créé, la lumière est toujours émanation de l’Absolu. Au pluriel, lorsqu’on évoque «les lumières», nous faisons souvent références aux lentes acquisitions de l’humanité au cours de son histoire, elles sont toujours traduites comme areligieuse. On utilisera alors des formules telles que «les lumières de la raison» ou «les lumières de la philosophie». Et par opposition on parlera des «ténèbres du Moyen Age» ou de «la nuit» dont sort à peine l’Occident. Et lorsqu’on définit le XVIIIe siècle comme «le siècle des lumières», c’est pour le définir comme l’ «âge de raison» de l’humanité. Le siècle des lumières devient ainsi une étape particulière dans l’histoire de l’esprit humain. Par opposition, les humanistes des Lumières traiteront donc leurs adversaires «d’obscurantistes». Cela conduira à cette vision manichéenne d’un monde où s’affrontent la civilisation «des lumières» face aux autres cultures ou nations déclarées «obscurantistes». On proclamera alors le «combat des lumières» qui justifiera l’injustifiable: de la traite des noirs aux génocides amérindiens, des entreprises coloniales jusqu’aux dernières guerres impérialistes. Il y aura donc des hommes, des peuples ou des civilisations «éclairés» et d’autres qui ne le sont pas. On devine alors que la «classe des hommes éclairés» se sent vocation pour prendre en main le destin des peuples, non pas dans son intérêt propre, mais afin de «répandre les lumières… Et ces lumières ne sont pas seulement un symbole appartenant au monde de la pensée, elle a aussi une signification socio-économique réelle. Tout doit être mis en lumière et la modernisation a même fait de la nuit, le jour. Les villes sont éclairées en permanence pour travailler et consommer jusqu’à la démesure car la productivité et la modernité ne tolèrera plus aucun temps obscur. Pourtant la douceur de la nuit est aussi celui du repos, de l’apaisement et de la contemplation… Mais l’histoire de la modernisation s’enivrera de métaphores évoquant la lumière. C’est le grand soleil de la raison qui est censé chasser l’obscurité de la superstition et enfin pouvoir construire la société selon des critères rationnels. Dans la phraséologie des siècles des lumières, le progrès et la raison sont souvent associés à la lumière éclatante du soleil éclairant enfin une nouvelle ère pour l’humanité. Kelvin Sans Le passage du XIXe au XXe siècle fut une étape de grandes transformations tant au niveau économique que social. L’idée de progrès, basée sur le développement technologique, représentait un idéal utopique qui devait amener une ère nouvelle, tandis que le prolétariat surgi avec la Révolution Industrielle entretenait l’espoir d’une révolution sociale qui n’allait pas aboutir. Cette situation donna naissance à une dichotomie très marquée entre les lumières de l’innovation technologique et l’obscurité des inégalités sociales. La croissance des villes, l’exode rural et l’apparition d’une société embryonnaire de consommation contribuèrent à la consolidation d’un système fondé sur de grandes contradictions qui renfermait le germe de sa propre crise, tel que nous le verrons à la fin de cet itinéraire. Dans le cas de l’Espagne, modernité et progrès acquièrent une dimension problématique. Au tournant du siècle, le contexte espagnol se caractérisait par une crise politique et économique intimement liée à la perte des dernières colonies et à l’instabilité des gouvernements qui se succédèrent dès la seconde moitié du XIXe siècle. A cela s’ajoutait une situation sociale compliquée due à l’industrialisation et à la rupture des modes de vie traditionnelle, aux migrations et aux conditions de vie de la population, le tout aboutissant à des conflits sociaux importants. Le dilemme de concilier tradition et modernité se manifesta aussi sous différentes formes dans la pratique artistique: l’art moderne se fera le fer de lance des promesses utopiques du nouveau siècle, mais aussi le témoin de ses contradictions. Les nouveaux moyens de reproduction de l’image – la photographie et le cinéma – fournissent pour la création artistique des formats issus directement du progrès technologique et des modes de production industrielle; tous deux sont machiniques et sont axés sur la répétition mécanique; en fait, le mouvement à moteur, auto-dynamique, est le phénomène basique du cinéma. Par ailleurs, ces deux arts, photographie et cinéma, sont capables de fixer directement la réalité, témoignant ainsi des conséquences les moins désirables du progrès dont ils sont le produit: l’intérêt pour le réel, pour les faits, rend compte de l’un des traits définissant l’homme moderne qui se sait partie prenante du présent et souhaite en être bien informé. L’appareil photo et le cinéma fournirent des techniques dont personne ne soupçonnait la force ni l’importance au moment de leur naissance. À eux seuls, ils modifièrent le regard que la société portait sur le monde. La large diffusion du cinématographe en fit un outil d’information, de socialisation, et surtout en fit le représentant par excellence de l’industrie naissante du loisir et d’un nouveau type de culture populaire. Avec La lumière, que ce soit celle qui éclaire les yeux, celle qui éclaire l’esprit ou celle qui éclaire les cœurs, est ce qui permet aux choses d’être clairement perçues ou pensées. En français, le champ lexical pour parler de la connaissance ou de la vérité est intimement lié à la lumière: lorsque nous sommes certains d’une chose nous disons «C’est clair !» ou nous disons «Je vois !» pour dire «Je comprends !» Cela se retrouve dans toutes les traditions philosophiques et religieuses. Chez les philosophes, Platon, dans la célèbre allégorie de la caverne, utilisera le registre métaphorique de l’ombre et de la lumière pour illustrer l’itinéraire du philosophe qui se délivre des ténèbres pour grimper vers la lumière et enfin contempler le Soleil. Cette association de la lumière à la puissante clarté du soleil se retrouvera ensuite chez les philosophes modernes. Dans les Traditions religieuses monothéistes, la parole divine est lumière du monde qui sort la matière des ténèbres du chaos et lui donne son ordre (étymologie de «cosmos»). Si le soleil est la source de la lumière sensible qui rend visibles les choses, Dieu est la lumière spirituelle qui permet d’accéder aux vérités ultimes. Lumière ou lumières? Il est aujourd’hui courant de parler en français des lumières pour désigner le XVIIIe siècle. Ce passage du singulier au pluriel n’est pas anodin. Dès le début du XVIIIe siècle, on va décliner deux significations au mot «lumière»: Au singulier, «la lumière» est l’émanation de l’absolu, elle est religieuse. Théologiquement, lorsqu’on parle de la lumière de la Révélation c’est celle qui permet de comprendre le message divin. Et lorsqu’on parle de la lumière de la création, c’est celle qui existe naturellement en elle mais qui est toujours d’origine divine. Donc qu’elle soit révélée ou créé, la lumière est toujours émanation de l’Absolu. Au pluriel, lorsqu’on évoque «les lumières», nous faisons souvent références aux lentes acquisitions de l’humanité au cours de son histoire, elles sont toujours traduites comme areligieuse. On utilisera alors des formules telles que «les lumières de la raison» ou «les lumières de la philosophie». Et par opposition on parlera des «ténèbres du Moyen Age» ou de «la nuit» dont sort à peine l’Occident. Et lorsqu’on définit le XVIIIe siècle comme «le siècle des lumières», c’est pour le définir comme l’ «âge de raison» de l’humanité. Le siècle des lumières devient ainsi une étape particulière dans l’histoire de l’esprit humain. Par opposition, les humanistes des Lumières traiteront donc leurs adversaires «d’obscurantistes». Cela conduira à cette vision manichéenne d’un monde où s’affrontent la civilisation «des lumières» face aux autres cultures ou nations déclarées «obscurantistes». On proclamera alors le «combat des lumières» qui justifiera l’injustifiable: de la traite des noirs aux génocides amérindiens, des entreprises coloniales jusqu’aux dernières guerres impérialistes. Il y aura donc des hommes, des peuples ou des civilisations «éclairés» et d’autres qui ne le sont pas. On devine alors que la «classe des hommes éclairés» se sent vocation pour prendre en main le destin des peuples, non pas dans son intérêt propre, mais afin de «répandre les lumières… Et ces lumières ne sont pas seulement un symbole appartenant au monde de la pensée, elle a aussi une signification socio-économique réelle. Tout doit être mis en lumière et la modernisation a même fait de la nuit, le jour. Les villes sont éclairées en permanence pour travailler et consommer jusqu’à la démesure car la productivité et la modernité ne tolèrera plus aucun temps obscur. Pourtant la douceur de la nuit est aussi celui du repos, de l’apaisement et de la contemplation… Mais l’histoire de la modernisation s’enivrera de métaphores évoquant la lumière. C’est le grand soleil de la raison qui est censé chasser l’obscurité de la superstition et enfin pouvoir construire la société selon des critères rationnels. Dans la phraséologie des siècles des lumières, le progrès et la raison sont souvent associés à la lumière éclatante du soleil éclairant enfin une nouvelle ère pour l’humanité. Kelvin Sans Le passage du XIXe au XXe siècle fut une étape de grandes transformations tant au niveau économique que social. L’idée de progrès, basée sur le développement technologique, représentait un idéal utopique qui devait amener une ère nouvelle, tandis que le prolétariat surgi avec la Révolution Industrielle entretenait l’espoir d’une révolution sociale qui n’allait pas aboutir. Cette situation donna naissance à une dichotomie très marquée entre les lumières de l’innovation technologique et l’obscurité des inégalités sociales. La croissance des villes, l’exode rural et l’apparition d’une société embryonnaire de consommation contribuèrent à la consolidation d’un système fondé sur de grandes contradictions qui renfermait le germe de sa propre crise, tel que nous le verrons à la fin de cet itinéraire. Dans le cas de l’Espagne, modernité et progrès acquièrent une dimension problématique. Au tournant du siècle, le contexte espagnol se caractérisait par une crise politique et économique intimement liée à la perte des dernières colonies et à l’instabilité des gouvernements qui se succédèrent dès la seconde moitié du XIXe siècle. A cela s’ajoutait une situation sociale compliquée due à l’industrialisation et à la rupture des modes de vie traditionnelle, aux migrations et aux conditions de vie de la population, le tout aboutissant à des conflits sociaux importants. Le dilemme de concilier tradition et modernité se manifesta aussi sous différentes formes dans la pratique artistique: l’art moderne se fera le fer de lance des promesses utopiques du nouveau siècle, mais aussi le témoin de ses contradictions. Les nouveaux moyens de reproduction de l’image – la photographie et le cinéma – fournissent pour la création artistique des formats issus directement du progrès technologique et des modes de production industrielle; tous deux sont machiniques et sont axés sur la répétition mécanique; en fait, le mouvement à moteur, auto-dynamique, est le phénomène basique du cinéma. Par ailleurs, ces deux arts, photographie et cinéma, sont capables de fixer directement la réalité, témoignant ainsi des conséquences les moins désirables du progrès dont ils sont le produit: l’intérêt pour le réel, pour les faits, rend compte de l’un des traits définissant l’homme moderne qui se sait partie prenante du présent et souhaite en être bien informé. L’appareil photo et le cinéma fournirent des techniques dont personne ne soupçonnait la force ni l’importance au moment de leur naissance. À eux seuls, ils modifièrent le regard que la société portait sur le monde. La large diffusion du cinématographe en fit un outil d’information, de socialisation, et surtout en fit le représentant par excellence de l’industrie naissante du loisir et d’un nouveau type de culture populaire.Avec La lumière,
«C’est clair !» Avec La lumière, que ce soit celle qui éclaire les yeux, celle qui éclaire l’esprit ou celle qui éclaire les cœurs, est ce qui permet aux choses d’être clairement perçues ou pensées. En français, le champ lexical pour parler de la connaissance ou de la vérité est intimement lié à la lumière: lorsque nous sommes certains d’une chose nous disons «C’est clair !» ou nous disons «Je vois !» pour dire «Je comprends !» Cela se retrouve dans toutes les traditions philosophiques et religieuses. Chez les philosophes, Platon, dans la célèbre allégorie de la caverne, utilisera le registre métaphorique de l’ombre et de la lumière pour illustrer l’itinéraire du philosophe qui se délivre des ténèbres pour grimper vers la lumière et enfin contempler le Soleil. Cette association de la lumière à la puissante clarté du soleil se retrouvera ensuite chez les philosophes modernes. Dans les Traditions religieuses monothéistes, la parole divine est lumière du monde qui sort la matière des ténèbres du chaos et lui donne son ordre (étymologie de «cosmos»). Si le soleil est la source de la lumière sensible qui rend visibles les choses, Dieu est la lumière spirituelle qui permet d’accéder aux vérités ultimes. Lumière ou lumières? Il est aujourd’hui courant de parler en français des lumières pour désigner le XVIIIe siècle. Ce passage du singulier au pluriel n’est pas anodin. Dès le début du XVIIIe siècle, on va décliner deux significations au mot «lumière»: Au singulier, «la lumière» est l’émanation de l’absolu, elle est religieuse. Théologiquement, lorsqu’on parle de la lumière de la Révélation c’est celle qui permet de comprendre le message divin. Et lorsqu’on parle de la lumière de la création, c’est celle qui existe naturellement en elle mais qui est toujours d’origine divine. Donc qu’elle soit révélée ou créé, la lumière est toujours émanation de l’Absolu. Au pluriel, lorsqu’on évoque «les lumières», nous faisons souvent références aux lentes acquisitions de l’humanité au cours de son histoire, elles sont toujours traduites comme areligieuse. On utilisera alors des formules telles que «les lumières de la raison» ou «les lumières de la philosophie». Et par opposition on parlera des «ténèbres du Moyen Age» ou de «la nuit» dont sort à peine l’Occident. Et lorsqu’on définit le XVIIIe siècle comme «le siècle des lumières», c’est pour le définir comme l’ «âge de raison» de l’humanité. Le siècle des lumières devient ainsi une étape particulière dans l’histoire de l’esprit humain. Par opposition, les humanistes des Lumières traiteront donc leurs adversaires «d’obscurantistes». Cela conduira à cette vision manichéenne d’un monde où s’affrontent la civilisation «des lumières» face aux autres cultures ou nations déclarées «obscurantistes». On proclamera alors le «combat des lumières» qui justifiera l’injustifiable: de la traite des noirs aux génocides amérindiens, des entreprises coloniales jusqu’aux dernières guerres impérialistes. Il y aura donc des hommes, des peuples ou des civilisations «éclairés» et d’autres qui ne le sont pas. On devine alors que la «classe des hommes éclairés» se sent vocation pour prendre en main le destin des peuples, non pas dans son intérêt propre, mais afin de «répandre les lumières… Et ces lumières ne sont pas seulement un symbole appartenant au monde de la pensée, elle a aussi une signification socio-économique réelle. Tout doit être mis en lumière et la modernisation a même fait de la nuit, le jour. Les villes sont éclairées en permanence pour travailler et consommer jusqu’à la démesure car la productivité et la modernité ne tolèrera plus aucun temps obscur. Pourtant la douceur de la nuit est aussi celui du repos, de l’apaisement et de la contemplation… Mais l’histoire de la modernisation s’enivrera de métaphores évoquant la lumière. C’est le grand soleil de la raison qui est censé chasser l’obscurité de la superstition et enfin pouvoir construire la société selon des critères rationnels. Dans la phraséologie des siècles des lumières, le progrès et la raison sont souvent associés à la lumière éclatante du soleil éclairant enfin une nouvelle ère pour l’humanité. Kelvin Sans Le passage du XIXe au XXe siècle fut une étape de grandes transformations tant au niveau économique que social. L’idée de progrès, basée sur le développement technologique, représentait un idéal utopique qui devait amener une ère nouvelle, tandis que le prolétariat surgi avec la Révolution Industrielle entretenait l’espoir d’une révolution sociale qui n’allait pas aboutir. Cette situation donna naissance à une dichotomie très marquée entre les lumières de l’innovation technologique et l’obscurité des inégalités sociales. La croissance des villes, l’exode rural et l’apparition d’une société embryonnaire de consommation contribuèrent à la consolidation d’un système fondé sur de grandes contradictions qui renfermait le germe de sa propre crise, tel que nous le verrons à la fin de cet itinéraire. Dans le cas de l’Espagne, modernité et progrès acquièrent une dimension problématique. Au tournant du siècle, le contexte espagnol se caractérisait par une crise politique et économique intimement liée à la perte des dernières colonies et à l’instabilité des gouvernements qui se succédèrent dès la seconde moitié du XIXe siècle. A cela s’ajoutait une situation sociale compliquée due à l’industrialisation et à la rupture des modes de vie traditionnelle, aux migrations et aux conditions de vie de la population, le tout aboutissant à des conflits sociaux importants. Le dilemme de concilier tradition et modernité se manifesta aussi sous différentes formes dans la pratique artistique: l’art moderne se fera le fer de lance des promesses utopiques du nouveau siècle, mais aussi le témoin de ses contradictions. Les nouveaux moyens de reproduction de l’image – la photographie et le cinéma – fournissent pour la création artistique des formats issus directement du progrès technologique et des modes de production industrielle; tous deux sont machiniques et sont axés sur la répétition mécanique; en fait, le mouvement à moteur, auto-dynamique, est le phénomène basique du cinéma. Par ailleurs, ces deux arts, photographie et cinéma, sont capables de fixer directement la réalité, témoignant ainsi des conséquences les moins désirables du progrès dont ils sont le produit: l’intérêt pour le réel, pour les faits, rend compte de l’un des traits définissant l’homme moderne qui se sait partie prenante du présent et souhaite en être bien informé. L’appareil photo et le cinéma fournirent des techniques dont personne ne soupçonnait la force ni l’importance au moment de leur naissance. À eux seuls, ils modifièrent le regard que la société portait sur le monde. La large diffusion du cinématographe en fit un outil d’information, de socialisation, et surtout en fit le représentant par excellence de l’industrie naissante du loisir et d’un nouveau type de culture populaire. Avec La lumière, que ce soit celle qui éclaire les yeux, celle qui éclaire l’esprit ou celle qui éclaire les cœurs, est ce qui permet aux choses d’être clairement perçues ou pensées. En français, le champ lexical pour parler de la connaissance ou de la vérité est intimement lié à la lumière: lorsque nous sommes certains d’une chose nous disons «C’est clair !» ou nous disons «Je vois !» pour dire «Je comprends !» Cela se retrouve dans toutes les traditions philosophiques et religieuses. Chez les philosophes, Platon, dans la célèbre allégorie de la caverne, utilisera le registre métaphorique de l’ombre et de la lumière pour illustrer l’itinéraire du philosophe qui se délivre des ténèbres pour grimper vers la lumière et enfin contempler le Soleil. Cette association de la lumière à la puissante clarté du soleil se retrouvera ensuite chez les philosophes modernes. Dans les Traditions religieuses monothéistes, la parole divine est lumière du monde qui sort la matière des ténèbres du chaos et lui donne son ordre (étymologie de «cosmos»). Si le soleil est la source de la lumière sensible qui rend visibles les choses, Dieu est la lumière spirituelle qui permet d’accéder aux vérités ultimes. Lumière ou lumières? Il est aujourd’hui courant de parler en français des lumières pour désigner le XVIIIe siècle. Ce passage du singulier au pluriel n’est pas anodin. Dès le début du XVIIIe siècle, on va décliner deux significations au mot «lumière»: Au singulier, «la lumière» est l’émanation de l’absolu, elle est religieuse. Théologiquement, lorsqu’on parle de la lumière de la Révélation c’est celle qui permet de comprendre le message divin. Et lorsqu’on parle de la lumière de la création, c’est celle qui existe naturellement en elle mais qui est toujours d’origine divine. Donc qu’elle soit révélée ou créé, la lumière est toujours émanation de l’Absolu. Au pluriel, lorsqu’on évoque «les lumières», nous faisons souvent références aux lentes acquisitions de l’humanité au cours de son histoire, elles sont toujours traduites comme areligieuse. On utilisera alors des formules telles que «les lumières de la raison» ou «les lumières de la philosophie». Et par opposition on parlera des «ténèbres du Moyen Age» ou de «la nuit» dont sort à peine l’Occident. Et lorsqu’on définit le XVIIIe siècle comme «le siècle des lumières», c’est pour le définir comme l’ «âge de raison» de l’humanité. Le siècle des lumières devient ainsi une étape particulière dans l’histoire de l’esprit humain. Par opposition, les humanistes des Lumières traiteront donc leurs adversaires «d’obscurantistes». Cela conduira à cette vision manichéenne d’un monde où s’affrontent la civilisation «des lumières» face aux autres cultures ou nations déclarées «obscurantistes». On proclamera alors le «combat des lumières» qui justifiera l’injustifiable: de la traite des noirs aux génocides amérindiens, des entreprises coloniales jusqu’aux dernières guerres impérialistes. Il y aura donc des hommes, des peuples ou des civilisations «éclairés» et d’autres qui ne le sont pas. On devine alors que la «classe des hommes éclairés» se sent vocation pour prendre en main le destin des peuples, non pas dans son intérêt propre, mais afin de «répandre les lumières… Et ces lumières ne sont pas seulement un symbole appartenant au monde de la pensée, elle a aussi une signification socio-économique réelle. Tout doit être mis en lumière et la modernisation a même fait de la nuit, le jour. Les villes sont éclairées en permanence pour travailler et consommer jusqu’à la démesure car la productivité et la modernité ne tolèrera plus aucun temps obscur. Pourtant la douceur de la nuit est aussi celui du repos, de l’apaisement et de la contemplation… Mais l’histoire de la modernisation s’enivrera de métaphores évoquant la lumière. C’est le grand soleil de la raison qui est censé chasser l’obscurité de la superstition et enfin pouvoir construire la société selon des critères rationnels. Dans la phraséologie des siècles des lumières, le progrès et la raison sont souvent associés à la lumière éclatante du soleil éclairant enfin une nouvelle ère pour l’humanité. Kelvin Sans Le passage du XIXe au XXe siècle fut une étape de grandes transformations tant au niveau économique que social. L’idée de progrès, basée sur le développement technologique, représentait un idéal utopique qui devait amener une ère nouvelle, tandis que le prolétariat surgi avec la Révolution Industrielle entretenait l’espoir d’une révolution sociale qui n’allait pas aboutir. Cette situation donna naissance à une dichotomie très marquée entre les lumières de l’innovation technologique et l’obscurité des inégalités sociales. La croissance des villes, l’exode rural et l’apparition d’une société embryonnaire de consommation contribuèrent à la consolidation d’un système fondé sur de grandes contradictions qui renfermait le germe de sa propre crise, tel que nous le verrons à la fin de cet itinéraire. Dans le cas de l’Espagne, modernité et progrès acquièrent une dimension problématique. Au tournant du siècle, le contexte espagnol se caractérisait par une crise politique et économique intimement liée à la perte des dernières colonies et à l’instabilité des gouvernements qui se succédèrent dès la seconde moitié du XIXe siècle. A cela s’ajoutait une situation sociale compliquée due à l’industrialisation et à la rupture des modes de vie traditionnelle, aux migrations et aux conditions de vie de la population, le tout aboutissant à des conflits sociaux importants. Le dilemme de concilier tradition et modernité se manifesta aussi sous différentes formes dans la pratique artistique: l’art moderne se fera le fer de lance des promesses utopiques du nouveau siècle, mais aussi le témoin de ses contradictions. Les nouveaux moyens de reproduction de l’image – la photographie et le cinéma – fournissent pour la création artistique des formats issus directement du progrès technologique et des modes de production industrielle; tous deux sont machiniques et sont axés sur la répétition mécanique; en fait, le mouvement à moteur, auto-dynamique, est le phénomène basique du cinéma. Par ailleurs, ces deux arts, photographie et cinéma, sont capables de fixer directement la réalité, témoignant ainsi des conséquences les moins désirables du progrès dont ils sont le produit: l’intérêt pour le réel, pour les faits, rend compte de l’un des traits définissant l’homme moderne qui se sait partie prenante du présent et souhaite en être bien informé. L’appareil photo et le cinéma fournirent des techniques dont personne ne soupçonnait la force ni l’importance au moment de leur naissance. À eux seuls, ils modifièrent le regard que la société portait sur le monde. La large diffusion du cinématographe en fit un outil d’information, de socialisation, et surtout en fit le représentant par excellence de l’industrie naissante du loisir et d’un nouveau type de culture populaire.«C’est clair !»
Avec La lumière, que ce soit celle qui éclaire les yeux, celle qui éclaire l’esprit ou celle qui éclaire les cœurs, est ce qui permet aux choses d’être clairement perçues ou pensées. En français, le champ lexical pour parler de la connaissance ou de la vérité est intimement lié à la lumière: lorsque nous sommes certains d’une chose nous disons «C’est clair !» ou nous disons «Je vois !» pour dire «Je comprends !» Cela se retrouve dans toutes les traditions philosophiques et religieuses. Chez les philosophes, Platon, dans la célèbre allégorie de la caverne, utilisera le registre métaphorique de l’ombre et de la lumière pour illustrer l’itinéraire du philosophe qui se délivre des ténèbres pour grimper vers la lumière et enfin contempler le Soleil. Cette association de la lumière à la puissante clarté du soleil se retrouvera ensuite chez les philosophes modernes. Dans les Traditions religieuses monothéistes, la parole divine est lumière du monde qui sort la matière des ténèbres du chaos et lui donne son ordre (étymologie de «cosmos»). Si le soleil est la source de la lumière sensible qui rend visibles les choses, Dieu est la lumière spirituelle qui permet d’accéder aux vérités ultimes. Lumière ou lumières? Il est aujourd’hui courant de parler en français des lumières pour désigner le XVIIIe siècle. Ce passage du singulier au pluriel n’est pas anodin. Dès le début du XVIIIe siècle, on va décliner deux significations au mot «lumière»: Au singulier, «la lumière» est l’émanation de l’absolu, elle est religieuse. Théologiquement, lorsqu’on parle de la lumière de la Révélation c’est celle qui permet de comprendre le message divin. Et lorsqu’on parle de la lumière de la création, c’est celle qui existe naturellement en elle mais qui est toujours d’origine divine. Donc qu’elle soit révélée ou créé, la lumière est toujours émanation de l’Absolu. Au pluriel, lorsqu’on évoque «les lumières», nous faisons souvent références aux lentes acquisitions de l’humanité au cours de son histoire, elles sont toujours traduites comme areligieuse. On utilisera alors des formules telles que «les lumières de la raison» ou «les lumières de la philosophie». Et par opposition on parlera des «ténèbres du Moyen Age» ou de «la nuit» dont sort à peine l’Occident. Et lorsqu’on définit le XVIIIe siècle comme «le siècle des lumières», c’est pour le définir comme l’ «âge de raison» de l’humanité. Le siècle des lumières devient ainsi une étape particulière dans l’histoire de l’esprit humain. Par opposition, les humanistes des Lumières traiteront donc leurs adversaires «d’obscurantistes». Cela conduira à cette vision manichéenne d’un monde où s’affrontent la civilisation «des lumières» face aux autres cultures ou nations déclarées «obscurantistes». On proclamera alors le «combat des lumières» qui justifiera l’injustifiable: de la traite des noirs aux génocides amérindiens, des entreprises coloniales jusqu’aux dernières guerres impérialistes. Il y aura donc des hommes, des peuples ou des civilisations «éclairés» et d’autres qui ne le sont pas. On devine alors que la «classe des hommes éclairés» se sent vocation pour prendre en main le destin des peuples, non pas dans son intérêt propre, mais afin de «répandre les lumières… Et ces lumières ne sont pas seulement un symbole appartenant au monde de la pensée, elle a aussi une signification socio-économique réelle. Tout doit être mis en lumière et la modernisation a même fait de la nuit, le jour. Les villes sont éclairées en permanence pour travailler et consommer jusqu’à la démesure car la productivité et la modernité ne tolèrera plus aucun temps obscur. Pourtant la douceur de la nuit est aussi celui du repos, de l’apaisement et de la contemplation… Mais l’histoire de la modernisation s’enivrera de métaphores évoquant la lumière. C’est le grand soleil de la raison qui est censé chasser l’obscurité de la superstition et enfin pouvoir construire la société selon des critères rationnels. Dans la phraséologie des siècles des lumières, le progrès et la raison sont souvent associés à la lumière éclatante du soleil éclairant enfin une nouvelle ère pour l’humanité. Kelvin Sans Le passage du XIXe au XXe siècle fut une étape de grandes transformations tant au niveau économique que social. L’idée de progrès, basée sur le développement technologique, représentait un idéal utopique qui devait amener une ère nouvelle, tandis que le prolétariat surgi avec la Révolution Industrielle entretenait l’espoir d’une révolution sociale qui n’allait pas aboutir. Cette situation donna naissance à une dichotomie très marquée entre les lumières de l’innovation technologique et l’obscurité des inégalités sociales. La croissance des villes, l’exode rural et l’apparition d’une société embryonnaire de consommation contribuèrent à la consolidation d’un système fondé sur de grandes contradictions qui renfermait le germe de sa propre crise, tel que nous le verrons à la fin de cet itinéraire. Dans le cas de l’Espagne, modernité et progrès acquièrent une dimension problématique. Au tournant du siècle, le contexte espagnol se caractérisait par une crise politique et économique intimement liée à la perte des dernières colonies et à l’instabilité des gouvernements qui se succédèrent dès la seconde moitié du XIXe siècle. A cela s’ajoutait une situation sociale compliquée due à l’industrialisation et à la rupture des modes de vie traditionnelle, aux migrations et aux conditions de vie de la population, le tout aboutissant à des conflits sociaux importants. Le dilemme de concilier tradition et modernité se manifesta aussi sous différentes formes dans la pratique artistique: l’art moderne se fera le fer de lance des promesses utopiques du nouveau siècle, mais aussi le témoin de ses contradictions. Les nouveaux moyens de reproduction de l’image – la photographie et le cinéma – fournissent pour la création artistique des formats issus directement du progrès technologique et des modes de production industrielle; tous deux sont machiniques et sont axés sur la répétition mécanique; en fait, le mouvement à moteur, auto-dynamique, est le phénomène basique du cinéma. Par ailleurs, ces deux arts, photographie et cinéma, sont capables de fixer directement la réalité, témoignant ainsi des conséquences les moins désirables du progrès dont ils sont le produit: l’intérêt pour le réel, pour les faits, rend compte de l’un des traits définissant l’homme moderne qui se sait partie prenante du présent et souhaite en être bien informé. L’appareil photo et le cinéma fournirent des techniques dont personne ne soupçonnait la force ni l’importance au moment de leur naissance. À eux seuls, ils modifièrent le regard que la société portait sur le monde. La large diffusion du cinématographe en fit un outil d’information, de socialisation, et surtout en fit le représentant par excellence de l’industrie naissante du loisir et d’un nouveau type de culture populaire. Avec La lumière, que ce soit celle qui éclaire les yeux, celle qui éclaire l’esprit ou celle qui éclaire les cœurs, est ce qui permet aux choses d’être clairement perçues ou pensées. En français, le champ lexical pour parler de la connaissance ou de la vérité est intimement lié à la lumière: lorsque nous sommes certains d’une chose nous disons «C’est clair !» ou nous disons «Je vois !» pour dire «Je comprends !» Cela se retrouve dans toutes les traditions philosophiques et religieuses. Chez les philosophes, Platon, dans la célèbre allégorie de la caverne, utilisera le registre métaphorique de l’ombre et de la lumière pour illustrer l’itinéraire du philosophe qui se délivre des ténèbres pour grimper vers la lumière et enfin contempler le Soleil. Cette association de la lumière à la puissante clarté du soleil se retrouvera ensuite chez les philosophes modernes. Dans les Traditions religieuses monothéistes, la parole divine est lumière du monde qui sort la matière des ténèbres du chaos et lui donne son ordre (étymologie de «cosmos»). Si le soleil est la source de la lumière sensible qui rend visibles les choses, Dieu est la lumière spirituelle qui permet d’accéder aux vérités ultimes. Lumière ou lumières? Il est aujourd’hui courant de parler en français des lumières pour désigner le XVIIIe siècle. Ce passage du singulier au pluriel n’est pas anodin. Dès le début du XVIIIe siècle, on va décliner deux significations au mot «lumière»: Au singulier, «la lumière» est l’émanation de l’absolu, elle est religieuse. Théologiquement, lorsqu’on parle de la lumière de la Révélation c’est celle qui permet de comprendre le message divin. Et lorsqu’on parle de la lumière de la création, c’est celle qui existe naturellement en elle mais qui est toujours d’origine divine. Donc qu’elle soit révélée ou créé, la lumière est toujours émanation de l’Absolu. Au pluriel, lorsqu’on évoque «les lumières», nous faisons souvent références aux lentes acquisitions de l’humanité au cours de son histoire, elles sont toujours traduites comme areligieuse. On utilisera alors des formules telles que «les lumières de la raison» ou «les lumières de la philosophie». Et par opposition on parlera des «ténèbres du Moyen Age» ou de «la nuit» dont sort à peine l’Occident. Et lorsqu’on définit le XVIIIe siècle comme «le siècle des lumières», c’est pour le définir comme l’ «âge de raison» de l’humanité. Le siècle des lumières devient ainsi une étape particulière dans l’histoire de l’esprit humain. Par opposition, les humanistes des Lumières traiteront donc leurs adversaires «d’obscurantistes». Cela conduira à cette vision manichéenne d’un monde où s’affrontent la civilisation «des lumières» face aux autres cultures ou nations déclarées «obscurantistes». On proclamera alors le «combat des lumières» qui justifiera l’injustifiable: de la traite des noirs aux génocides amérindiens, des entreprises coloniales jusqu’aux dernières guerres impérialistes. Il y aura donc des hommes, des peuples ou des civilisations «éclairés» et d’autres qui ne le sont pas. On devine alors que la «classe des hommes éclairés» se sent vocation pour prendre en main le destin des peuples, non pas dans son intérêt propre, mais afin de «répandre les lumières… Et ces lumières ne sont pas seulement un symbole appartenant au monde de la pensée, elle a aussi une signification socio-économique réelle. Tout doit être mis en lumière et la modernisation a même fait de la nuit, le jour. Les villes sont éclairées en permanence pour travailler et consommer jusqu’à la démesure car la productivité et la modernité ne tolèrera plus aucun temps obscur. Pourtant la douceur de la nuit est aussi celui du repos, de l’apaisement et de la contemplation… Mais l’histoire de la modernisation s’enivrera de métaphores évoquant la lumière. C’est le grand soleil de la raison qui est censé chasser l’obscurité de la superstition et enfin pouvoir construire la société selon des critères rationnels. Dans la phraséologie des siècles des lumières, le progrès et la raison sont souvent associés à la lumière éclatante du soleil éclairant enfin une nouvelle ère pour l’humanité. Kelvin Sans Le passage du XIXe au XXe siècle fut une étape de grandes transformations tant au niveau économique que social. L’idée de progrès, basée sur le développement technologique, représentait un idéal utopique qui devait amener une ère nouvelle, tandis que le prolétariat surgi avec la Révolution Industrielle entretenait l’espoir d’une révolution sociale qui n’allait pas aboutir. Cette situation donna naissance à une dichotomie très marquée entre les lumières de l’innovation technologique et l’obscurité des inégalités sociales. La croissance des villes, l’exode rural et l’apparition d’une société embryonnaire de consommation contribuèrent à la consolidation d’un système fondé sur de grandes contradictions qui renfermait le germe de sa propre crise, tel que nous le verrons à la fin de cet itinéraire. Dans le cas de l’Espagne, modernité et progrès acquièrent une dimension problématique. Au tournant du siècle, le contexte espagnol se caractérisait par une crise politique et économique intimement liée à la perte des dernières colonies et à l’instabilité des gouvernements qui se succédèrent dès la seconde moitié du XIXe siècle. A cela s’ajoutait une situation sociale compliquée due à l’industrialisation et à la rupture des modes de vie traditionnelle, aux migrations et aux conditions de vie de la population, le tout aboutissant à des conflits sociaux importants. Le dilemme de concilier tradition et modernité se manifesta aussi sous différentes formes dans la pratique artistique: l’art moderne se fera le fer de lance des promesses utopiques du nouveau siècle, mais aussi le témoin de ses contradictions. Les nouveaux moyens de reproduction de l’image – la photographie et le cinéma – fournissent pour la création artistique des formats issus directement du progrès technologique et des modes de production industrielle; tous deux sont machiniques et sont axés sur la répétition mécanique; en fait, le mouvement à moteur, auto-dynamique, est le phénomène basique du cinéma. Par ailleurs, ces deux arts, photographie et cinéma, sont capables de fixer directement la réalité, témoignant ainsi des conséquences les moins désirables du progrès dont ils sont le produit: l’intérêt pour le réel, pour les faits, rend compte de l’un des traits définissant l’homme moderne qui se sait partie prenante du présent et souhaite en être bien informé. L’appareil photo et le cinéma fournirent des techniques dont personne ne soupçonnait la force ni l’importance au moment de leur naissance. À eux seuls, ils modifièrent le regard que la société portait sur le monde. La large diffusion du cinématographe en fit un outil d’information, de socialisation, et surtout en fit le représentant par excellence de l’industrie naissante du loisir et d’un nouveau type de culture populaire.Avec La lumière,

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