On dispute tous les jours sur ce qu’on doit appeler Esprit: chacun dit son mot; personne n’attache les mêmes idées à ce mot, et tout le monde parle sans s’entendre. Pour pouvoir donner une idée juste et précise de ce mot Esprit et des différentes acceptions dans lesquelles on le prend, il faut d’abord considérer l’esprit en lui-même. Ou l’on regarde l’esprit comme l’effet de la faculté de penser (et l’esprit n’est, en ce sens, que l’assemblage des pensées d’un homme); ou l’on le considère comme la faculté même de penser. Pour savoir ce que c’est que l’esprit, pris dans cette dernière signification, il faut connaître quelles sont les causes productrices de nos idées. Nous avons en nous deux facultés, ou, si je l’ose dire, deux puissances passives, dont l’existence est généralement et distinctement reconnue. L’une est la faculté de recevoir les impressions différentes que font sur nous les objets extérieurs; on la nomme sensibilité physique. L’autre est la faculté de conserver l’impression que ces objets ont faite sur nous; on l’appelle mémoire: et la mémoire n’est autre chose qu’une sensation continuée, mais affaiblie. Ces facultés, que je regarde comme les causes productrices de nos pensées, et qui nous sont communes avec les animaux, ne nous occasionneraient cependant qu’un très petit nombre d’idées, si elles n’étaient jointes en nous à une certaine organisation extérieure. Si la nature, au lieu de mains et de doigts flexibles, eût terminé nos poignets par un pied de cheval; qui doute que les hommes, sans art, sans habitations, sans défense contre les animaux, tout occupés du soin de pourvoir à leur nourriture et d’éviter les bêtes féroces, ne fussent encore errants dans les forêts comme des troupeaux fugitifs? Or, dans cette supposition, il est évident que la police n’eût, dans aucune société, été portée au degré de perfection où maintenant elle est parvenue. Il n’est aucune nation qui, en fait d’esprit, ne fût restée fort inférieure à certaines nations sauvages qui n’ont pas deux cents idées, deux cents mots pour exprimer leurs idées, et dont la langue, par conséquent, ne fût réduite, comme celle des animaux, à cinq ou six sons ou cris, si l’on retranchait de cette même langue les mots d’arcs, de flèches, de filets, etc. qui supposent l’usage de nos mains. D’où je conclus que, sans une certaine organisation extérieure, la sensibilité et la mémoire ne seraient en nous que des facultés stériles. Maintenant il faut examiner si, par le secours de cette organisation, ces deux facultés ont réellement produit toutes nos pensées. Avant d’entrer à ce sujet dans aucun examen, peut-être me demandera-t-on si ces deux facultés sont des modifications. On dispute tous les jours sur ce qu’on doit appeler Esprit: chacun dit son mot; personne n’attache les mêmes idées à ce mot, et tout le monde parle sans s’entendre. Pour pouvoir donner une idée juste et précise de ce mot Esprit et des différentes acceptions dans lesquelles on le prend, il faut d’abord considérer l’esprit en lui-même. Ou l’on regarde l’esprit comme l’effet de la faculté de penser (et l’esprit n’est, en ce sens, que l’assemblage des pensées d’un homme); ou l’on le considère comme la faculté même de penser. Pour savoir ce que c’est que l’esprit, pris dans cette dernière signification, il faut connaître quelles sont les causes productrices de nos idées. Nous avons en nous deux facultés, ou, si je l’ose dire, deux puissances passives, dont l’existence est généralement et distinctement reconnue. L’une est la faculté de recevoir les impressions différentes que font sur nous les objets extérieurs; on la nomme sensibilité physique. L’autre est la faculté de conserver l’impression que ces objets ont faite sur nous; on l’appelle mémoire: et la mémoire n’est autre chose qu’une sensation continuée, mais affaiblie. Ces facultés, que je regarde comme les causes productrices de nos pensées, et qui nous sont communes avec les animaux, ne nous occasionneraient cependant qu’un très petit nombre d’idées, si elles n’étaient jointes en nous à une certaine organisation extérieure. Si la nature, au lieu de mains et de doigts flexibles, eût terminé nos poignets par un pied de cheval; qui doute que les hommes, sans art, sans habitations, sans défense contre les animaux, tout occupés du soin de pourvoir à leur nourriture et d’éviter les bêtes féroces, ne fussent encore errants dans les forêts comme des troupeaux fugitifs? Or, dans cette supposition, il est évident que la police n’eût, dans aucune société, été portée au degré de perfection où maintenant elle est parvenue. Il n’est aucune nation qui, en fait d’esprit, ne fût restée fort inférieure à certaines nations sauvages qui n’ont pas deux cents idées, deux cents mots pour exprimer leurs idées, et dont la langue, par conséquent, ne fût réduite, comme celle des animaux, à cinq ou six sons ou cris, si l’on retranchait de cette même langue les mots d’arcs, de flèches, de filets, etc. qui supposent l’usage de nos mains. D’où je conclus que, sans une certaine organisation extérieure, la sensibilité et la mémoire ne seraient en nous que des facultés stériles. Maintenant il faut examiner si, par le secours de cette organisation, ces deux facultés ont réellement produit toutes nos pensées. Avant d’entrer à ce sujet dans aucun examen, peut-être me demandera-t-on si ces deux facultés sont des modifications. On dispute tous les jours sur ce qu’on doit appeler Esprit: chacun dit son mot; personne n’attache les mêmes idées à ce mot, et tout le monde parle sans s’entendre. Pour pouvoir donner une idée juste et précise de ce mot Esprit et des différentes acceptions dans lesquelles on le prend, il faut d’abord considérer l’esprit en lui-même. Ou l’on regarde l’esprit comme l’effet de la faculté de penser (et l’esprit n’est, en ce sens, que l’assemblage des pensées d’un homme); ou l’on le considère comme la faculté même de penser. Pour savoir ce que c’est que l’esprit, pris dans cette dernière signification, il faut connaître quelles sont les causes productrices de nos idées. Nous avons en nous deux facultés, ou, si je l’ose dire, deux puissances passives, dont l’existence est généralement et distinctement reconnue. L’une est la faculté de recevoir les impressions différentes que font sur nous les objets extérieurs; on la nomme sensibilité physique. L’autre est la faculté de conserver l’impression que ces objets ont faite sur nous; on l’appelle mémoire: et la mémoire n’est autre chose qu’une sensation continuée, mais affaiblie. Ces facultés, que je regarde comme les causes productrices de nos pensées, et qui nous sont communes avec les animaux, ne nous occasionneraient cependant qu’un très petit nombre d’idées, si elles n’étaient jointes en nous à une certaine organisation extérieure. Si la nature, au lieu de mains et de doigts flexibles, eût terminé nos poignets par un pied de cheval; qui doute que les hommes, sans art, sans habitations, sans défense contre les animaux, tout occupés du soin de pourvoir à leur nourriture et d’éviter les bêtes féroces, ne fussent encore errants dans les forêts comme des troupeaux fugitifs? Or, dans cette supposition, il est évident que la police n’eût, dans aucune société, été portée au degré de perfection où maintenant elle est parvenue. Il n’est aucune nation qui, en fait d’esprit, ne fût restée fort inférieure à certaines nations sauvages qui n’ont pas deux cents idées, deux cents mots pour exprimer leurs idées, et dont la langue, par conséquent, ne fût réduite, comme celle des animaux, à cinq ou six sons ou cris, si l’on retranchait de cette même langue les mots d’arcs, de flèches, de filets, etc. qui supposent l’usage de nos mains. D’où je conclus que, sans une certaine organisation extérieure, la sensibilité et la mémoire ne seraient en nous que des facultés stériles. Maintenant il faut examiner si, par le secours de cette organisation, ces deux facultés ont réellement produit toutes nos pensées. Avant d’entrer à ce sujet dans aucun examen, peut-être me demandera-t-on si ces deux facultés sont des modifications. On dispute tous les jours sur ce qu’on doit appeler Esprit: chacun dit son mot; personne n’attache les mêmes idées à ce mot, et tout le monde parle sans s’entendre. Pour pouvoir donner une idée juste et précise de ce mot Esprit et des différentes acceptions dans lesquelles on le prend, il faut d’abord considérer l’esprit en lui-même. Ou l’on regarde l’esprit comme l’effet de la faculté de penser (et l’esprit n’est, en ce sens, que l’assemblage des pensées d’un homme); ou l’on le considère comme la faculté même de penser. Pour savoir ce que c’est que l’esprit, pris dans cette dernière signification, il faut connaître quelles sont les causes productrices de nos idées. Nous avons en nous deux facultés, ou, si je l’ose dire, deux puissances passives, dont l’existence est généralement et distinctement reconnue. L’une est la faculté de recevoir les impressions différentes que font sur nous les objets extérieurs; on la nomme sensibilité physique. L’autre est la faculté de conserver l’impression que ces objets ont faite sur nous; on l’appelle mémoire: et la mémoire n’est autre chose qu’une sensation continuée, mais affaiblie. Ces facultés, que je regarde comme les causes productrices de nos pensées, et qui nous sont communes avec les animaux, ne nous occasionneraient cependant qu’un très petit nombre d’idées, si elles n’étaient jointes en nous à une certaine organisation extérieure. Si la nature, au lieu de mains et de doigts flexibles, eût terminé nos poignets par un pied de cheval; qui doute que les hommes, sans art, sans habitations, sans défense contre les animaux, tout occupés du soin de pourvoir à leur nourriture et d’éviter les bêtes féroces, ne fussent encore errants dans les forêts comme des troupeaux fugitifs? Or, dans cette supposition, il est évident que la police n’eût, dans aucune société, été portée au degré de perfection où maintenant elle est parvenue. Il n’est aucune nation qui, en fait d’esprit, ne fût restée fort inférieure à certaines nations sauvages qui n’ont pas deux cents idées, deux cents mots pour exprimer leurs idées, et dont la langue, par conséquent, ne fût réduite, comme celle des animaux, à cinq ou six sons ou cris, si l’on retranchait de cette même langue les mots d’arcs, de flèches, de filets, etc. qui supposent l’usage de nos mains. D’où je conclus que, sans une certaine organisation extérieure, la sensibilité et la mémoire ne seraient en nous que des facultés stériles. Maintenant il faut examiner si, par le secours de cette organisation, ces deux facultés ont réellement produit toutes nos pensées. Avant d’entrer à ce sujet dans aucun examen, peut-être me demandera-t-on si ces deux facultés sont des modifications.On dispute