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Part-Dieu Ce fut un bien triste 1er avril aux halles de la Part-Dieu à Lyon. La veille, Renée Richard, 84 ans, avait définitivement quitté ces saint-marcellin dont elle a fait la réputation et qui le lui ont bien rendu. Au panthéon des mères lyonnaises, elle a rejoint la Mère Brazier, la Mère Fillioux, la Mère Léa et bien d’autres, qui ont donné à Lyon le goût de sa cuisine. Colette Sibilia, la charcutière, d’un côté, Renée Richard, la fromagère, de l’autre et Paul Bocuse au centre, c’était l’image d’Epinal des halles de la Part-Dieu. M. Paul entre le saucisson pistaché et le saint-marcellin affiné. Toujours convalescent, il n’a pu assister aux obsèques de celle qu’il avait lui-même baptisé la Mère Richard, au sanctuaire Saint-Saturnin où tout le Lyon de la politique et des métiers de bouche se pressait. Avec elle disparaît une figure installée dès 1965 dans les anciennes halles des Cordeliers. Après avoir hésité, elle s’était résolue à déménager à la Part-Dieu, où son aplomb et sa mise en plis ont fait des ravages dans la presse et dans le public. Les raisons de sa passion pour l’affinage du saint-marcellin restent mal connues mais, après plusieurs décennies d’activité, elle en vendait 340000 pièces à l’année. On le trouve partout, sur les tables étoilées comme parmi les produits dérivés de l’Olympique lyonnais. Avec son nom sur l’étiquette: saint-marcellin de la Mère Richard. Un tel succès n’a pas été sans conséquences sur la fromagerie comme sur le fromage. Tenue depuis plusieurs années par sa fille également prénommée Renée, la maison Richard a été rachetée en toute discrétion en 2003 par Les Maîtres laitiers du Cotentin, une importante coopérative laitière de Normandie. On ne l’apprendra qu’en 2011, à l’occasion d’une défaite de l’Olympique lyonnais à Caen, lorsque le président du club de football également directeur des Maîtres laitiers, glissera en aparté que «la Mère Richard aussi était passée sous pavillon normand». «À l’époque, je n’avais pas souhaité m’exprimer beaucoup sur cette cession qui aurait pu dérouter la clientèle alors que rien n’a changé. Le personnel est le même. On a gardé tous nos petits producteurs et le souci de la qualité est identique», a expliqué Renée Richard. On veut bien la croire et son étalage aux halles témoigne de la qualité de ses produits, mais on aimerait bien connaître ces «petits producteurs», de plus en plus rares pour le saint-marcellin. En 2013, 2650 tonnes (hors fermier, soit environ 50 tonnes) de lait de chèvre ont été produites par sept transformateurs industriels, dont 55% par Lactalis, leader mondial des produits laitiers, qui contrôle l’Étoile du Vercors et la Fromagerie du Dauphiné. C’est 35 millions de fromages chaque année dont 90% pour la grande distribution. Le saint-marcellin n’a jamais accédé au statut d’AOC, mais a obtenu en novembre dernier celui d’IGP (indication géographique protégée) qui réjouit les services marketing de l’industrie laitière. Un drôle de gonze, ce saint-marc’llin, comme on dit à la Croix-Rousse. À l’origine, il était fait avec du lait de chèvre dans les montagnes du Vercors et du Dauphiné, où des «ramasseurs» venaient collecter ces petits fromages dans les chevrières. La diminution progressive de l’élevage caprin à partir du dix-neuvième siècle a conduit à des mélanges avec du lait de vache qui a rapidement pris le dessus pour satisfaire une demande croissante, encouragée par le développement du chemin de fer. Selon le cahier des charges de l’IGP, le lait peut être cru ou thermisé pour ce fromage à pâte molle et croûte fleurie, «à bords arrondis, d’un diamètre de 65 à 80 mm, de 20 à 25 mm de haut et pesant au moins 80 g». On chercherait en vain ces caractéristiques dans les saint-marcellin blafards, à la peau qui pèle, vendus sous plastique dans les rayons de trop de supermarchés. Il est traditionnellement affiné de deux façons: sec (30%) comme l’aimaient les bergers au casse-croûte, ou moelleux (70%) comme à Lyon, où il est de bon ton de le déguster coulant à la petite cuillère, accompagné d’un verre de mâcon blanc. C’est ainsi que je le préfère. Avec une pensée pour la Mère Richard alors que la bonne saison du saint-marcellin commence.Part-Dieu
Saint-Saturnin Ce fut un bien triste 1er avril aux halles de la Part-Dieu à Lyon. La veille, Renée Richard, 84 ans, avait définitivement quitté ces saint-marcellin dont elle a fait la réputation et qui le lui ont bien rendu. Au panthéon des mères lyonnaises, elle a rejoint la Mère Brazier, la Mère Fillioux, la Mère Léa et bien d’autres, qui ont donné à Lyon le goût de sa cuisine. Colette Sibilia, la charcutière, d’un côté, Renée Richard, la fromagère, de l’autre et Paul Bocuse au centre, c’était l’image d’Epinal des halles de la Part-Dieu. M. Paul entre le saucisson pistaché et le saint-marcellin affiné. Toujours convalescent, il n’a pu assister aux obsèques de celle qu’il avait lui-même baptisé la Mère Richard, au sanctuaire Saint-Saturnin où tout le Lyon de la politique et des métiers de bouche se pressait. Avec elle disparaît une figure installée dès 1965 dans les anciennes halles des Cordeliers. Après avoir hésité, elle s’était résolue à déménager à la Part-Dieu, où son aplomb et sa mise en plis ont fait des ravages dans la presse et dans le public. Les raisons de sa passion pour l’affinage du saint-marcellin restent mal connues mais, après plusieurs décennies d’activité, elle en vendait 340000 pièces à l’année. On le trouve partout, sur les tables étoilées comme parmi les produits dérivés de l’Olympique lyonnais. Avec son nom sur l’étiquette: saint-marcellin de la Mère Richard. Un tel succès n’a pas été sans conséquences sur la fromagerie comme sur le fromage. Tenue depuis plusieurs années par sa fille également prénommée Renée, la maison Richard a été rachetée en toute discrétion en 2003 par Les Maîtres laitiers du Cotentin, une importante coopérative laitière de Normandie. On ne l’apprendra qu’en 2011, à l’occasion d’une défaite de l’Olympique lyonnais à Caen, lorsque le président du club de football également directeur des Maîtres laitiers, glissera en aparté que «la Mère Richard aussi était passée sous pavillon normand». «À l’époque, je n’avais pas souhaité m’exprimer beaucoup sur cette cession qui aurait pu dérouter la clientèle alors que rien n’a changé. Le personnel est le même. On a gardé tous nos petits producteurs et le souci de la qualité est identique», a expliqué Renée Richard. On veut bien la croire et son étalage aux halles témoigne de la qualité de ses produits, mais on aimerait bien connaître ces «petits producteurs», de plus en plus rares pour le saint-marcellin. En 2013, 2650 tonnes (hors fermier, soit environ 50 tonnes) de lait de chèvre ont été produites par sept transformateurs industriels, dont 55% par Lactalis, leader mondial des produits laitiers, qui contrôle l’Étoile du Vercors et la Fromagerie du Dauphiné. C’est 35 millions de fromages chaque année dont 90% pour la grande distribution. Le saint-marcellin n’a jamais accédé au statut d’AOC, mais a obtenu en novembre dernier celui d’IGP (indication géographique protégée) qui réjouit les services marketing de l’industrie laitière. Un drôle de gonze, ce saint-marc’llin, comme on dit à la Croix-Rousse. À l’origine, il était fait avec du lait de chèvre dans les montagnes du Vercors et du Dauphiné, où des «ramasseurs» venaient collecter ces petits fromages dans les chevrières. La diminution progressive de l’élevage caprin à partir du dix-neuvième siècle a conduit à des mélanges avec du lait de vache qui a rapidement pris le dessus pour satisfaire une demande croissante, encouragée par le développement du chemin de fer. Selon le cahier des charges de l’IGP, le lait peut être cru ou thermisé pour ce fromage à pâte molle et croûte fleurie, «à bords arrondis, d’un diamètre de 65 à 80 mm, de 20 à 25 mm de haut et pesant au moins 80 g». On chercherait en vain ces caractéristiques dans les saint-marcellin blafards, à la peau qui pèle, vendus sous plastique dans les rayons de trop de supermarchés. Il est traditionnellement affiné de deux façons: sec (30%) comme l’aimaient les bergers au casse-croûte, ou moelleux (70%) comme à Lyon, où il est de bon ton de le déguster coulant à la petite cuillère, accompagné d’un verre de mâcon blanc. C’est ainsi que je le préfère. Avec une pensée pour la Mère Richard alors que la bonne saison du saint-marcellin commence.Saint-Saturnin
Saucisson pistaché Ce fut un bien triste 1er avril aux halles de la Part-Dieu à Lyon. La veille, Renée Richard, 84 ans, avait définitivement quitté ces saint-marcellin dont elle a fait la réputation et qui le lui ont bien rendu. Au panthéon des mères lyonnaises, elle a rejoint la Mère Brazier, la Mère Fillioux, la Mère Léa et bien d’autres, qui ont donné à Lyon le goût de sa cuisine. Colette Sibilia, la charcutière, d’un côté, Renée Richard, la fromagère, de l’autre et Paul Bocuse au centre, c’était l’image d’Epinal des halles de la Part-Dieu. M. Paul entre le saucisson pistaché et le saint-marcellin affiné. Toujours convalescent, il n’a pu assister aux obsèques de celle qu’il avait lui-même baptisé la Mère Richard, au sanctuaire Saint-Saturnin où tout le Lyon de la politique et des métiers de bouche se pressait. Avec elle disparaît une figure installée dès 1965 dans les anciennes halles des Cordeliers. Après avoir hésité, elle s’était résolue à déménager à la Part-Dieu, où son aplomb et sa mise en plis ont fait des ravages dans la presse et dans le public. Les raisons de sa passion pour l’affinage du saint-marcellin restent mal connues mais, après plusieurs décennies d’activité, elle en vendait 340000 pièces à l’année. On le trouve partout, sur les tables étoilées comme parmi les produits dérivés de l’Olympique lyonnais. Avec son nom sur l’étiquette: saint-marcellin de la Mère Richard. Un tel succès n’a pas été sans conséquences sur la fromagerie comme sur le fromage. Tenue depuis plusieurs années par sa fille également prénommée Renée, la maison Richard a été rachetée en toute discrétion en 2003 par Les Maîtres laitiers du Cotentin, une importante coopérative laitière de Normandie. On ne l’apprendra qu’en 2011, à l’occasion d’une défaite de l’Olympique lyonnais à Caen, lorsque le président du club de football également directeur des Maîtres laitiers, glissera en aparté que «la Mère Richard aussi était passée sous pavillon normand». «À l’époque, je n’avais pas souhaité m’exprimer beaucoup sur cette cession qui aurait pu dérouter la clientèle alors que rien n’a changé. Le personnel est le même. On a gardé tous nos petits producteurs et le souci de la qualité est identique», a expliqué Renée Richard. On veut bien la croire et son étalage aux halles témoigne de la qualité de ses produits, mais on aimerait bien connaître ces «petits producteurs», de plus en plus rares pour le saint-marcellin. En 2013, 2650 tonnes (hors fermier, soit environ 50 tonnes) de lait de chèvre ont été produites par sept transformateurs industriels, dont 55% par Lactalis, leader mondial des produits laitiers, qui contrôle l’Étoile du Vercors et la Fromagerie du Dauphiné. C’est 35 millions de fromages chaque année dont 90% pour la grande distribution. Le saint-marcellin n’a jamais accédé au statut d’AOC, mais a obtenu en novembre dernier celui d’IGP (indication géographique protégée) qui réjouit les services marketing de l’industrie laitière. Un drôle de gonze, ce saint-marc’llin, comme on dit à la Croix-Rousse. À l’origine, il était fait avec du lait de chèvre dans les montagnes du Vercors et du Dauphiné, où des «ramasseurs» venaient collecter ces petits fromages dans les chevrières. La diminution progressive de l’élevage caprin à partir du dix-neuvième siècle a conduit à des mélanges avec du lait de vache qui a rapidement pris le dessus pour satisfaire une demande croissante, encouragée par le développement du chemin de fer. Selon le cahier des charges de l’IGP, le lait peut être cru ou thermisé pour ce fromage à pâte molle et croûte fleurie, «à bords arrondis, d’un diamètre de 65 à 80 mm, de 20 à 25 mm de haut et pesant au moins 80 g». On chercherait en vain ces caractéristiques dans les saint-marcellin blafards, à la peau qui pèle, vendus sous plastique dans les rayons de trop de supermarchés. Il est traditionnellement affiné de deux façons: sec (30%) comme l’aimaient les bergers au casse-croûte, ou moelleux (70%) comme à Lyon, où il est de bon ton de le déguster coulant à la petite cuillère, accompagné d’un verre de mâcon blanc. C’est ainsi que je le préfère. Avec une pensée pour la Mère Richard alors que la bonne saison du saint-marcellin commence.Saucisson pistaché
Olympique lyonnais Ce fut un bien triste 1er avril aux halles de la Part-Dieu à Lyon. La veille, Renée Richard, 84 ans, avait définitivement quitté ces saint-marcellin dont elle a fait la réputation et qui le lui ont bien rendu. Au panthéon des mères lyonnaises, elle a rejoint la Mère Brazier, la Mère Fillioux, la Mère Léa et bien d’autres, qui ont donné à Lyon le goût de sa cuisine. Colette Sibilia, la charcutière, d’un côté, Renée Richard, la fromagère, de l’autre et Paul Bocuse au centre, c’était l’image d’Epinal des halles de la Part-Dieu. M. Paul entre le saucisson pistaché et le saint-marcellin affiné. Toujours convalescent, il n’a pu assister aux obsèques de celle qu’il avait lui-même baptisé la Mère Richard, au sanctuaire Saint-Saturnin où tout le Lyon de la politique et des métiers de bouche se pressait. Avec elle disparaît une figure installée dès 1965 dans les anciennes halles des Cordeliers. Après avoir hésité, elle s’était résolue à déménager à la Part-Dieu, où son aplomb et sa mise en plis ont fait des ravages dans la presse et dans le public. Les raisons de sa passion pour l’affinage du saint-marcellin restent mal connues mais, après plusieurs décennies d’activité, elle en vendait 340000 pièces à l’année. On le trouve partout, sur les tables étoilées comme parmi les produits dérivés de l’Olympique lyonnais. Avec son nom sur l’étiquette: saint-marcellin de la Mère Richard. Un tel succès n’a pas été sans conséquences sur la fromagerie comme sur le fromage. Tenue depuis plusieurs années par sa fille également prénommée Renée, la maison Richard a été rachetée en toute discrétion en 2003 par Les Maîtres laitiers du Cotentin, une importante coopérative laitière de Normandie. On ne l’apprendra qu’en 2011, à l’occasion d’une défaite de l’Olympique lyonnais à Caen, lorsque le président du club de football également directeur des Maîtres laitiers, glissera en aparté que «la Mère Richard aussi était passée sous pavillon normand». «À l’époque, je n’avais pas souhaité m’exprimer beaucoup sur cette cession qui aurait pu dérouter la clientèle alors que rien n’a changé. Le personnel est le même. On a gardé tous nos petits producteurs et le souci de la qualité est identique», a expliqué Renée Richard. On veut bien la croire et son étalage aux halles témoigne de la qualité de ses produits, mais on aimerait bien connaître ces «petits producteurs», de plus en plus rares pour le saint-marcellin. En 2013, 2650 tonnes (hors fermier, soit environ 50 tonnes) de lait de chèvre ont été produites par sept transformateurs industriels, dont 55% par Lactalis, leader mondial des produits laitiers, qui contrôle l’Étoile du Vercors et la Fromagerie du Dauphiné. C’est 35 millions de fromages chaque année dont 90% pour la grande distribution. Le saint-marcellin n’a jamais accédé au statut d’AOC, mais a obtenu en novembre dernier celui d’IGP (indication géographique protégée) qui réjouit les services marketing de l’industrie laitière. Un drôle de gonze, ce saint-marc’llin, comme on dit à la Croix-Rousse. À l’origine, il était fait avec du lait de chèvre dans les montagnes du Vercors et du Dauphiné, où des «ramasseurs» venaient collecter ces petits fromages dans les chevrières. La diminution progressive de l’élevage caprin à partir du dix-neuvième siècle a conduit à des mélanges avec du lait de vache qui a rapidement pris le dessus pour satisfaire une demande croissante, encouragée par le développement du chemin de fer. Selon le cahier des charges de l’IGP, le lait peut être cru ou thermisé pour ce fromage à pâte molle et croûte fleurie, «à bords arrondis, d’un diamètre de 65 à 80 mm, de 20 à 25 mm de haut et pesant au moins 80 g». On chercherait en vain ces caractéristiques dans les saint-marcellin blafards, à la peau qui pèle, vendus sous plastique dans les rayons de trop de supermarchés. Il est traditionnellement affiné de deux façons: sec (30%) comme l’aimaient les bergers au casse-croûte, ou moelleux (70%) comme à Lyon, où il est de bon ton de le déguster coulant à la petite cuillère, accompagné d’un verre de mâcon blanc. C’est ainsi que je le préfère. Avec une pensée pour la Mère Richard alors que la bonne saison du saint-marcellin commence.Olympique lyonnais
Marcellin Ce fut un bien triste 1er avril aux halles de la Part-Dieu à Lyon. La veille, Renée Richard, 84 ans, avait définitivement quitté ces saint-marcellin dont elle a fait la réputation et qui le lui ont bien rendu. Au panthéon des mères lyonnaises, elle a rejoint la Mère Brazier, la Mère Fillioux, la Mère Léa et bien d’autres, qui ont donné à Lyon le goût de sa cuisine. Colette Sibilia, la charcutière, d’un côté, Renée Richard, la fromagère, de l’autre et Paul Bocuse au centre, c’était l’image d’Epinal des halles de la Part-Dieu. M. Paul entre le saucisson pistaché et le saint-marcellin affiné. Toujours convalescent, il n’a pu assister aux obsèques de celle qu’il avait lui-même baptisé la Mère Richard, au sanctuaire Saint-Saturnin où tout le Lyon de la politique et des métiers de bouche se pressait. Avec elle disparaît une figure installée dès 1965 dans les anciennes halles des Cordeliers. Après avoir hésité, elle s’était résolue à déménager à la Part-Dieu, où son aplomb et sa mise en plis ont fait des ravages dans la presse et dans le public. Les raisons de sa passion pour l’affinage du saint-marcellin restent mal connues mais, après plusieurs décennies d’activité, elle en vendait 340000 pièces à l’année. On le trouve partout, sur les tables étoilées comme parmi les produits dérivés de l’Olympique lyonnais. Avec son nom sur l’étiquette: saint-marcellin de la Mère Richard. Un tel succès n’a pas été sans conséquences sur la fromagerie comme sur le fromage. Tenue depuis plusieurs années par sa fille également prénommée Renée, la maison Richard a été rachetée en toute discrétion en 2003 par Les Maîtres laitiers du Cotentin, une importante coopérative laitière de Normandie. On ne l’apprendra qu’en 2011, à l’occasion d’une défaite de l’Olympique lyonnais à Caen, lorsque le président du club de football également directeur des Maîtres laitiers, glissera en aparté que «la Mère Richard aussi était passée sous pavillon normand». «À l’époque, je n’avais pas souhaité m’exprimer beaucoup sur cette cession qui aurait pu dérouter la clientèle alors que rien n’a changé. Le personnel est le même. On a gardé tous nos petits producteurs et le souci de la qualité est identique», a expliqué Renée Richard. On veut bien la croire et son étalage aux halles témoigne de la qualité de ses produits, mais on aimerait bien connaître ces «petits producteurs», de plus en plus rares pour le saint-marcellin. En 2013, 2650 tonnes (hors fermier, soit environ 50 tonnes) de lait de chèvre ont été produites par sept transformateurs industriels, dont 55% par Lactalis, leader mondial des produits laitiers, qui contrôle l’Étoile du Vercors et la Fromagerie du Dauphiné. C’est 35 millions de fromages chaque année dont 90% pour la grande distribution. Le saint-marcellin n’a jamais accédé au statut d’AOC, mais a obtenu en novembre dernier celui d’IGP (indication géographique protégée) qui réjouit les services marketing de l’industrie laitière. Un drôle de gonze, ce saint-marc’llin, comme on dit à la Croix-Rousse. À l’origine, il était fait avec du lait de chèvre dans les montagnes du Vercors et du Dauphiné, où des «ramasseurs» venaient collecter ces petits fromages dans les chevrières. La diminution progressive de l’élevage caprin à partir du dix-neuvième siècle a conduit à des mélanges avec du lait de vache qui a rapidement pris le dessus pour satisfaire une demande croissante, encouragée par le développement du chemin de fer. Selon le cahier des charges de l’IGP, le lait peut être cru ou thermisé pour ce fromage à pâte molle et croûte fleurie, «à bords arrondis, d’un diamètre de 65 à 80 mm, de 20 à 25 mm de haut et pesant au moins 80 g». On chercherait en vain ces caractéristiques dans les saint-marcellin blafards, à la peau qui pèle, vendus sous plastique dans les rayons de trop de supermarchés. Il est traditionnellement affiné de deux façons: sec (30%) comme l’aimaient les bergers au casse-croûte, ou moelleux (70%) comme à Lyon, où il est de bon ton de le déguster coulant à la petite cuillère, accompagné d’un verre de mâcon blanc. C’est ainsi que je le préfère. Avec une pensée pour la Mère Richard alors que la bonne saison du saint-marcellin commence. Marcellin Ce fut un bien triste 1er avril aux halles de la Part-Dieu à Lyon. La veille, Renée Richard, 84 ans, avait définitivement quitté ces saint-marcellin dont elle a fait la réputation et qui le lui ont bien rendu. Au panthéon des mères lyonnaises, elle a rejoint la Mère Brazier, la Mère Fillioux, la Mère Léa et bien d’autres, qui ont donné à Lyon le goût de sa cuisine. Colette Sibilia, la charcutière, d’un côté, Renée Richard, la fromagère, de l’autre et Paul Bocuse au centre, c’était l’image d’Epinal des halles de la Part-Dieu. M. Paul entre le saucisson pistaché et le saint-marcellin affiné. Toujours convalescent, il n’a pu assister aux obsèques de celle qu’il avait lui-même baptisé la Mère Richard, au sanctuaire Saint-Saturnin où tout le Lyon de la politique et des métiers de bouche se pressait. Avec elle disparaît une figure installée dès 1965 dans les anciennes halles des Cordeliers. Après avoir hésité, elle s’était résolue à déménager à la Part-Dieu, où son aplomb et sa mise en plis ont fait des ravages dans la presse et dans le public. Les raisons de sa passion pour l’affinage du saint-marcellin restent mal connues mais, après plusieurs décennies d’activité, elle en vendait 340000 pièces à l’année. On le trouve partout, sur les tables étoilées comme parmi les produits dérivés de l’Olympique lyonnais. Avec son nom sur l’étiquette: saint-marcellin de la Mère Richard. Un tel succès n’a pas été sans conséquences sur la fromagerie comme sur le fromage. Tenue depuis plusieurs années par sa fille également prénommée Renée, la maison Richard a été rachetée en toute discrétion en 2003 par Les Maîtres laitiers du Cotentin, une importante coopérative laitière de Normandie. On ne l’apprendra qu’en 2011, à l’occasion d’une défaite de l’Olympique lyonnais à Caen, lorsque le président du club de football également directeur des Maîtres laitiers, glissera en aparté que «la Mère Richard aussi était passée sous pavillon normand». «À l’époque, je n’avais pas souhaité m’exprimer beaucoup sur cette cession qui aurait pu dérouter la clientèle alors que rien n’a changé. Le personnel est le même. On a gardé tous nos petits producteurs et le souci de la qualité est identique», a expliqué Renée Richard. On veut bien la croire et son étalage aux halles témoigne de la qualité de ses produits, mais on aimerait bien connaître ces «petits producteurs», de plus en plus rares pour le saint-marcellin. En 2013, 2650 tonnes (hors fermier, soit environ 50 tonnes) de lait de chèvre ont été produites par sept transformateurs industriels, dont 55% par Lactalis, leader mondial des produits laitiers, qui contrôle l’Étoile du Vercors et la Fromagerie du Dauphiné. C’est 35 millions de fromages chaque année dont 90% pour la grande distribution. Le saint-marcellin n’a jamais accédé au statut d’AOC, mais a obtenu en novembre dernier celui d’IGP (indication géographique protégée) qui réjouit les services marketing de l’industrie laitière. Un drôle de gonze, ce saint-marc’llin, comme on dit à la Croix-Rousse. À l’origine, il était fait avec du lait de chèvre dans les montagnes du Vercors et du Dauphiné, où des «ramasseurs» venaient collecter ces petits fromages dans les chevrières. La diminution progressive de l’élevage caprin à partir du dix-neuvième siècle a conduit à des mélanges avec du lait de vache qui a rapidement pris le dessus pour satisfaire une demande croissante, encouragée par le développement du chemin de fer. Selon le cahier des charges de l’IGP, le lait peut être cru ou thermisé pour ce fromage à pâte molle et croûte fleurie, «à bords arrondis, d’un diamètre de 65 à 80 mm, de 20 à 25 mm de haut et pesant au moins 80 g». On chercherait en vain ces caractéristiques dans les saint-marcellin blafards, à la peau qui pèle, vendus sous plastique dans les rayons de trop de supermarchés. Il est traditionnellement affiné de deux façons: sec (30%) comme l’aimaient les bergers au casse-croûte, ou moelleux (70%) comme à Lyon, où il est de bon ton de le déguster coulant à la petite cuillère, accompagné d’un verre de mâcon blanc. C’est ainsi que je le préfère. Avec une pensée pour la Mère Richard alors que la bonne saison du saint-marcellin commence.Marcellin

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